14 octobre 2006

Premiers écrits

40 ans après « un homme et une femme », Claude Lelouch se voit offrir une place au soleil. 18h13. Près des célèbres planches de Deauville, au bout de l’avenue Lucien Barrière face à la mer, la mythique Mustang blanche, au bruit d’un autre temps, fait son apparition avant de disparaître happée par la foule. Comme Jean-Louis Trintignant 40 ans plus tôt, Claude Lelouch s’en extrait. Dans cet élan l’accompagnent ses complices de toujours ; Anouk Aimé, Francis Lai, et Pierre Barouh. Jamais il n’aurait pu imaginer cette scène lorsqu’en 1965, il quitte Paris au bord de la faillite, sans but aucun pour se retrouver là. Dans un silence respectueux, la foule laisse Claude revivre la séquence émotion qui signe le point de départ de cette miraculeuse aventure. Il raconte que c’est dans un moment de solitude, pesant mais nécessaire, qu’il aperçoit au loin, depuis ce même endroit, une femme, son enfant et leur chien se promenant sur la plage. Cette image fugace et vive, donne à Claude la force et l’inspiration d’une première écriture et de quelques repérages. « … En m’avançant vers elle, j’ai eu l’idée de faire « un homme et une femme ». Je n’ai jamais vu le visage de cette femme. Je suis retourné à toute allure dans ma voiture. Et comme je n’avais pas de crayon, je suis allé dans un petit bistrot qui se trouvait en face de la gare. Et c’est dans ce bistrot que pendant deux heures j’ai pratiquement écris l’histoire d’ « un homme et une femme » … Donc quelques heures avant j’avais presque envie de mourir, et à huit heure du matin je n’avais qu’une seule envie ; faire ce film… » Ses mots sont empreints de nostalgie et reflètent le bonheur altruiste de l’artiste qui a de nouveau rendez-vous avec son œuvre. Parmi la foule, nous apercevons des couples enlacés qui reprennent en chœur, avec Pierre Barouh, les « chabadabada… » mélancoliques. Son film a marqué le temps et les générations. « Un homme et une femme » qui sort en 1966, est couronné d’une palme d’or, de 2 oscars, et de 47 autres récompenses internationales. Il fait dorénavant partie de notre mémoire cinématographique collective. Devant plusieurs centaines de spectateurs, sous un soleil ardent, Claude Lelouch dévoile et découvre la plaque qui baptise cette place de son nom. Un nouveau lieu incarne désormais l’histoire du cinéma. Il est visible en France, à Deauville depuis le 5 septembre 2006.